Quelques petites réflexions sur ce qu’est une vraie photo et jusqu’où peut on aller avant de dénaturer son « oeuvre » initiale … J’ouvre ce petit article en écho à un autre article récemment lancé sur le sujet, intitulé pourtant « .. le débat est ouvert » mais pour lequel mes commentaires sont restés dans les oubliettes 🙂
Je tiens d’abord à préciser que je suis loin d’être fan des effets clé en main des « instagram » ou autres « photofiltre ». Quant au HDR tant décrié, il faut rappeler qu’à la base le but n’était pas de faire des effets dramatiques et exagérés, mais d’augmenter la plage dynamique limitée des capteurs numériques afin de restituer des détails dans les ombres et dans les zones claires. D’ici quelques années ne doutons pas que les appareils seront capables d’enregistrer des scènes très contrastées en conservant les détails dans les ombres comme en pleine lumière .. Cette technique du HDR demande à être appliquée de façon très fine pour garder le caractère naturel à la photo, sous peine, dès qu’un curseur est un peu trop poussé, de voir apparaitre dans les textures ce qu’on pourrait appeler « l’effet HDR ». Effet dont il faut reconnaitre que certains usent et abusent à tort et à travers, quel que soit le sujet.. mais bon chacun est libre de faire comme il l’entend avec ses photos. Photos qui d’ailleurs sont la propriété de leur auteur et qui peut de ce fait les traiter voire les maltraiter comme bon lui semble. Ensuite on aime ou on aime pas, et si on est agacé par ces solutions de facilité on tourne les talons et on passe son chemin.
Du temps de l’argentique les logiciels étaient remplacés par le labo et la chimie. Et dès les premiers photographes, certains ont arpentés d’autres chemins, fait l’inverse de ce qui était préconisé pour tirer une « vraie » photo, tel Man Ray avec ses solarisations. Là déjà l’effet était extrème, autant que le HDR, ses portraits ne représentaient plus de vraies personnes, on ne peut donc plus parler de « vraie » photo telle que définie dans l’autre article. Et pourtant est ce que Man Ray n’était pas un vrai photographe ?! (attention qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne prétends pas, et loin de là que tous les instagrameurs ou HDRistes sont des génies ou des créateurs 🙂 ). Bref la brêche était ouverte dès le début et doit on crier au blasphème ?
Est ce que les « vrais » photographes nous livrent une image brute, pas retouchée ?.. avez vous regardé et analysé une photo en Noir et Blanc d’un grand photographe ? Bien sur que ce qui fait une bonne photo à la base c’est une bonne lumière, l’instant, la composition, là dessus je pense que tout le monde s’accorde. Mais ensuite il y a ce qu’on en fait, en particulier en Noir et Blanc, car là par définition nous ne sommes déjà plus dans la « vraie » photo, car il manque les « vraies » couleurs qui sont remplacées par une palette monochrome certes très riche mais qui peut complètement changer l’interprétation d’une même scène suivant comment on la manie. Et ce n’est pas pour rien que les grands du N&B travaillaient avec des tireurs qu’ils connaissaient, comme un écrivain confie la traduction de son livre à tel ou tel traducteur, car après la prise de vue il y aura l’interprétation du tirage. Et un traitement n’est pas juste une conversion ou désaturation, comme on voit trop souvent, et qui donne des résultats fades, mous et sans âme !
Alors si on veut faire des « vraies » photos, quelle est la limite qu’on doit se fixer. Par défaut ça devrait être la photo brute de capteur, pas recadrée. Mais on arrive à un autre problème épineux : suivant la marque de notre boitier et capteur, voire même modèle, la photo qu’on sortira sera différente tant pour la balance des blancs que la tonalité, le contraste, la définition .. alors doit-on subir le dictat de l’électronique ou prendre la main afin d’affiner la matière de base que notre super appareil nous fournit (comme le négatif argentique) ?? Quant à ceux qui travaillent en raw (le fichier brut de capteur) -qui est par définition le « vrai » équivalent du négatif car il n’a pas subi l’influence des paramètres de rendu du boitier, contrairement aux fichiers jpeg sortis de boitier- et bien ils sont condamnés à traiter leurs photos car le raw est par défaut très mou et dépourvu de contraste, et seule la magie du dérawtiseur peut donner vie à des images sublimes.
J’arrête ici cet article, peut être y aura t il une suite, peut être est ce que ce sera l’occasion de proposer des articles avec des versions avant-pendant-après de certaines photos .. en tout cas le débat est ici aussi ouvert, et je ne compte pas mettre vos remarques au cachot, même si elles divergent de mon point de vue, du moins tant qu’elles restent dans la courtoisie 🙂